Dialogue multi-acteurs sur les inégalités entre les sexes dans le secteur de l'eau et du climat au Cameroun

À la suite d’une étude menée par le GWP-Cameroun dans le cadre du Programme Eau Climat Développement-Genre (WACDEP G) de l’AIP pour identifier les barrières formelles et informelles à l'égalité des sexes dans la planification et la mise en œuvre des projets de développement dans le secteur de l'eau et du climat du pays, un dialogue avec les parties prenantes a eu lieu à Douala du 29 au 30 avril pour consolider et enrichir les résultats de l'étude.

Le dialogue, qui a rassemblé une vingtaine de parties prenantes issues d'organisations de la société civile, d'ONG, du secteur privé et du secteur public, avait pour principal objectif de sensibiliser les participants à l'égalité des sexes dans le secteur de l'eau et du climat afin d'obtenir leur soutien et leur contribution à la réduction des inégalités entre les sexes en proposant des solutions pour lever les obstacles formels et informels identifiés au cours de l'étude. L'ouverture a été marquée par un mot du Président du GWP-Cameroun, M. Mamoudou Ousman, au cours duquel il a appelé tous les participants à faire des contributions précieuses aux discussions car, selon lui, « pour qu'un véritable changement se produise, nous devons travailler ensemble, échanger des idées et réfléchir à des solutions durables pour remédier aux inégalités entre les sexes dans le secteur de l'eau et du climat ».

La consultante Madame Beat Paulette des ‘’SDGs Winners’’, a présenté le contexte, l'objectif et la méthodologie de l'étude intitulée « Cartographie des barrières normatives formelles et informelles et des pratiques sociales qui entravent l'égalité des sexes dans la planification et la mise en œuvre des projets de développement dans le secteur de l'eau et du climat et propositions des  mécanismes de réforme » réalisée car  les inégalités de genre ont un impact direct sur la planification et la mise en œuvre des investissements pour la sécurité en eau et la résilience climatique. Au total, 15 institutions nationales (MINPROFF, MINEE, MINEPDED, MINDDEVEL, Sanitation and Water for all, GFECOP, Camerounaise des eaux, RECOJAC, Water for Life, Being better Cameroun, Association des natifs de Nkongsamba, Cameroun Ecologie, Conseil National de la Jeunesse) et internationales (UNICEF, ONU Femmes) du secteur de l'eau, du climat et du genre de la zone côtière (Douala, Edéa, Nkongsamba) ont été impliquées dans cette étude. 

Certains obstacles formels identifiés par l'étude comprenaient le manque de volonté politique pour mettre en œuvre les politiques existantes sensibles au genre, l'expertise insuffisante en matière de genre parmi les planificateurs, la connaissance insuffisante des textes et des politiques sur l'eau et le climat, entre autres. Parmi les barrières informelles identifiées, citons les coutumes patriarcales qui entravent l'autonomisation des femmes, même dans les domaines de l'eau et du climat, les stéréotypes discriminatoires et dévalorisants qui excluent les femmes de la sphère décisionnelle dans les secteurs, la faible sensibilisation des femmes, des filles et des hommes au climat, à l'eau et à l'environnement. Parmi les recommandations clés de l'étude visant à lever les obstacles pré-identifiés, citons le plaidoyer auprès des différentes institutions du secteur pour mettre en œuvre l'approche transformative du genre à tous les niveaux, la sensibilisation et la formation des acteurs clés impliqués dans le processus de planification au sein du secteur sur les outils d'analyse du genre, la diffusion de documents/politiques sur l'eau et le climat sensibles au genre auprès des autorités gouvernementales locales.

Les participants ont apporté des contributions perspicaces aux résultats de l'étude en prêtant attention aux différentes réalités contextuelles des diverses institutions qu'ils représentent. La première journée s'est terminée par la création de quatre groupes de travail afin de permettre aux participants d'élaborer une feuille de route des mécanismes/solutions proposés pour s'attaquer aux obstacles à l'égalité des sexes identifiés au préalable, en indiquant clairement les résultats escomptés, les indicateurs de performance, les acteurs/intervenants clés et les délais.

Groupe 1 : réformes institutionnelles ;

Groupe 2 : renforcement des capacités des acteurs du département de la planification, de la programmation et de la budgétisation ;

Groupe 3 : Sensibilisation.

Groupe 4 : Intégration de la dimension genre dans les cadres de concertation.

Le dernier jour de l'atelier a été caractérisé par des travaux de groupe, après quoi les représentants des groupes ont fait des présentations lors de la session plénière qui a suivi.

Les participants ont formulé des recommandations clés, dont certaines sont :

Au gouvernement

- Transformer les points focaux genre en Comités Genre ;

- Renforcer la capacité des femmes dans les projets liés au genre ;

Au consultant

- Intégrer l'aspect genre-environnement de la Stratégie Nationale de Développement (SND) 2030 et le facteur COVID 19 dans le contexte de l'étude ;

- Inclure la partie septentrionale du Cameroun pour les futures études connexes car c'est une zone où l'accès et la qualité de l'eau sont critiques en plus d'un contexte socioculturel patriarcal et d'une influence religieuse ;

-Proposer des cadres de concertation genre dans les secteurs de l'eau et du climat ;

- Identifier et analyser davantage les barrières informelles dans la zone côtière afin d’actualiser la cartographie des barrières préalablement proposée.