Cet atelier survient dans un contexte où les défis de changements climatiques s’accentuent depuis ces dernières décennies, avec un très fort impact au niveau des pays en développement. L’impact des aléas climatiques, plus visibles au niveau du secteur agricole, se manifestent à plusieurs niveaux. Par exemple, les inondations du 20 septembre 2012 dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord sont une illustration palpable de cet impact.
Cet atelier avait pour objectif de trouver des mécanismes qui aideront d’une part à la collecte d’informations in situ dans les champs afin d’évaluer les impacts des phénomènes météorologiques sur les activités agro-pastorales et d’autre part à la diffusion et l’usage de toutes ces informations. Lors de son discours d’ouverture, le sous-directeur des applications météorologiques de la Direction de la météorologie nationale (MINT) M. Gervais YONTCHANG a rappelé que « les bulletins météo sont envoyés aux utilisateurs mais nous n’avons aucun feedback sur l’utilisation qui en ai faite. Par conséquent, le GWP-Cmr travaille avec le MINT afin de trouver des solutions communes à ce problème ».
Des présentations ont été faites sur le Bulletin Agrométéorologique, le Bulletin Climatique, les Mécanismes de collecte et de diffusion de l’information climatique. La Chargée de Programme WACDEP-G, Murielle Elouga a présenté la mission du GWP , qui est celle d’assurer la Gestion Intégrée des ressources en Eau (GIRE), et a exposé brièvement le programme WACDEP-G avec un accent sur l’aspect genre et climat du programme.
Les points de discussions avec les différents acteurs (société civile, radio communautaire, Groupe d'initiative commune) présents à l’atelier portaient sur les difficultés dans la collecte et la diffusion des bulletins agro-météorologiques, qui rendent difficiles d’accès les bulletins météorologiques par les bénéficiaires. Un agriculteur rural et participant à l’atelier a déclaré à propos: « il est assez technique et requiert une certaine expertise pour l’interpréter et l’adapter au besoin agricole », à la suite de quoi il a rajouté, « le niveau d’éducation et l’accès limité à la technologie et internet ne rend pas les choses plus faciles ». En outre, les acteurs ont relevé que la conception du bulletin climatique est très technique donc difficile à digérer et à transmettre par les diffuseurs.
Néanmoins la Direction de la météorologie nationale a eu à installer 19 stations automatiques sur 25, ce qui reste insuffisant au regard de la demande au niveau des différentes régions du Cameroun. A la fin de l’atelier, les participants ont formulé des recommandations parmi lesquelles :
A l’endroit du MINT :
- Travailler avec les mairies dans les zones marquées par un accès difficile au bulletin agrométéorologique et à l’information climatique ;
- Transmettre l’information météo et climatique pour la région de l’Extrême-Nord au service de l’irrigation et du drainage pour qu’elle soit transformée en conseil et diffusée par mail ou WhatsApp aux différents GIC et associations agricoles
A l’endroit du Ministère de l’agriculture et du développement rural (MINADER) :
- Actualiser le calendrier agricole selon les informations du bulletin agrométéorologiques collectées auprès du Ministère des Transports
- Conduire deux initiatives pilotes dans deux communes des zones agroécologiques pour tester les trois modèles identifiés de collecte des informations sur les impacts du climat sur les activités agricoles (1- Système Alternatif de Vulgarisation agricole du MINADER, 2- Recours aux points focaux météo des délégations départementales du MINT, 3- Recours aux chefs de postes agricoles).
Pour le GWP-Cmr :
- Renforcer la concertation, le dialogue, les échanges entre les parties prenantes clé en charge de la collecte, de la diffusion et de l’utilisation des informations agrométéorologiques (MINADER, Ministère des pêches et des industries animales (MINEPIA), MINT, Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales, Société civile…)
- Accompagner le MINT dans la conduite des initiatives pilotes dans les communes des zones agroécologiques pour l’amélioration de la collecte in situ (dans les champs) des informations agro météo ;
- Partager les connaissances et expériences sur les questions d’accès et d’utilisation de l’information climatique et des services d’alerte précoce par les usagers en milieu rural.
Contexte
Le Ministère des Transports, par l'intermédiaire du Service de l’agrométéorologie et de l’environnement atmosphérique, fournit un service météorologique aux usagers agro-industriels et agricoles, évalue l'impact du temps sur les activités agricoles et élabore des rapports et des bulletins agrométéorologiques. Cependant, le Service ne parvient toujours pas à déterminer si les informations fournies sont bien exploitées par les utilisateurs, notamment les femmes. Bien qu'elles soient les principales productrices agricoles, les femmes sont les plus vulnérables au changement climatique dans ce secteur et ont un accès limité aux informations et aux technologies. Ceci est souvent dû à leur faible niveau d'éducation ou à l'état socioculturel de certaines zones géographiques du pays (Sahel).