L’AIP a été adopté dans le cadre de la deuxième phase du Plan d'action prioritaire du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA-PAP 2) de l'Agence de développement de l'Union africaine. Le PIDA-PAP 2 est un portefeuille stratégique de projets proposés par les Communautés Economiques Régionales et les États membres de l'UA pour être mis en œuvre entre 2021 et 2030, sous la direction de l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD).
Le PIDA-PAP 2 est composé de soixante-neuf (69) projets d'infrastructures régionales, dont l’AIP fait partie, dans les secteurs de l'énergie, des transports, des eaux transfrontalières et des technologies de l'information et de la communication, avec un budget estimé à 161 milliards de dollars US.
L’AIP accélérera les investissements dans les infrastructures hydrauliques régionales, transfrontalières et nationales résilientes au changement climatique, telles que les barrages, les systèmes de transfert d'eau, les systèmes d'irrigation, les systèmes d'information sur la gestion de l'eau, l'approvisionnement en eau et les infrastructures sanitaires, qui sont indispensables pour répondre aux besoins socio-économiques croissants de l'Afrique.
Au cours des dix prochaines années, l'AIP devrait permettre de mobiliser et d'influencer 30 milliards de dollars US d'investissements dans l'eau résilients au changement climatiques dans le cadre de l'objectif de développement durable 6 et créer au moins 5 millions d'emplois. Le programme est aligné sur les objectifs du PIDA-PAP 2 pour accélérer les activités de construction, la création d'emplois et aussi pour stimuler l'industrialisation et le commerce.
"En tant que continent, nous sommes confrontés à des défis importants lorsqu'il s'agit de garantir l'approvisionnement en eau pour le développement économique et les besoins sociaux", a déclaré Son Excellence le Président Jakaya Mrisho Kikwete, Président du GWPSA-ACU qui est également le 4ème président de la République Unie de Tanzanie, le 6ème Président de l'Union Africaine et le Co-Président du PIDA.
"L'AIP répond directement aux obstacles urgents auxquels l'Afrique est confrontée pour répondre à ses besoins futurs en eau, c'est pourquoi je suis très heureux qu'il ait été adopté par les chefs d'État de l'UA lors du 34ème Sommet de l'UA", a ajouté le Président Kikwete.
L’AIP s’attaque à un déficit massif d’investissement pour l’infrastructure de l’eau en Afrique
M. Alex Simalabwi, Secrétaire exécutif et Directeur de l’Unité d’Appui à l’AIP au Partenariat mondial de l’Eau Afrique australe et Coordination pour l’Afrique, a déclaré que la fourniture d’infrastructures hydrauliques à travers l’Afrique reste en deçà des objectifs requis pour répondre aux besoins en eau du continent. La Banque Africaine de Développement estime que 64 milliards de dollars sont nécessaires chaque année pour réaliser la vision 2025 de l’Afrique en matière de sécurité en eau pour tous, mais seulement 10 à 19 milliards de dollars par an sont investis dans les infrastructures hydrauliques.
« L’AIP est conçu pour combler ce déficit d’investissement, dans le contexte des économies africaines sous pression considérable à l’avenir en raison des retombées économiques de Covid-19 et des effets dévastateurs du changement climatique, qui deviennent de plus en plus fréquentes et plus graves chaque année », a déclaré M. Simalabwi.
Le manque de financement et la mauvaise préparation des projets directement abordés
Le Programme continental d’investissement dans l’eau en Afrique soutiendra les projets prioritaires d’infrastructures hydrauliques, en s’attaquant à deux obstacles importants auxquels sont confrontés les États membres de l’UA : le manque de financement et la préparation inadéquate de projets bancables.
« Le programme comprend une stratégie de mobilisation des ressources qui permettra d'établir des liens stratégiques entre les propriétaires de projets (les États membres de l'UA) et les bailleurs de fonds appropriés des secteurs public etprivé, tout en assurant une facilitation continue de la mobilisation des ressources tout au long des cycles de projets », a déclaré Towela Nyirenda-Jere, chef de la Division de l’intégration économique à l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD).
Plus précisément, l'AIP accélérera l'accès au financement de projets par le secteur privé, qui n'a historiquement pas beaucoup investi dans les infrastructures hydrauliques en Afrique.
« L’AIP mettra l’accent sur le partage des connaissances et le renforcement des capacités des États membres de l’UA. Nous espérons que cela rendra les projets africains dans le domaine de l'eau plus attrayants pour le secteur privé, ce qui est un élément essentiel de la réalisation du rêve de l’Agenda 2063 de « L’Afrique que nous voulons », a déclaré Dr. Paul Orengoh, Directeur des programmes au Conseil des ministres africains sur l’eau (AMCOW). En février 2019, l’AMCOW a approuvé l’élaboration de l’AIP.
M. Fred Mwango, expert régional en eau à l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), s’est félicité de la décision de l’UA sur le PIDA-PAP2 et a déclaré que cela était l’occasion pour les pays d’investir dans les infrastructures liées à l’eau. «Nous avons beaucoup de ressources en eau partagées qui ne sont pas encore pleinement développées pour l’économie et le bien-être des habitants de la région de l’IGAD. Avec une bonne planification et des investissements dans l’information et les infrastructures hydrauliques, la corne de l’Afrique sera un endroit où il fait bon vivre », a-t-il déclaré.
M. Graham Chingambu, gestionnaire du Fonds pour l’eau de la Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) à la Banque de Développement d’Afrique Australe, a déclaré : « Le renforcement du processus de préparation des projets dans la région de la SADC sera essentiel pour améliorer l’attrait des investissements dans les projets africains d’infrastructures hydrauliques.
M. Bougonou K. Djeri – Alassani, chef de la Division de la gouvernance et des politiques de l’eau au Centre de Gestion des Ressources en Eau de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’est félicité de l’adoption de l’AIP et a déclaré que cela accélérerait la coopération régionale sur les investissements transfrontaliers dans l’eau afin de relever le défi lié à la préparation de projets bancables et à leur mise en œuvre réussie dans toute l’Afrique.
Mise en œuvre et prochaines étapes
L'AIP visera au moins 18 pays, en commençant par cinq pays pilotes, un dans chaque Région africaine : Bénin, Cameroun, Ouganda, Tunisie et Zambie et cinq bassins transfrontaliers : Système aquifère du Sahara du Nord-Ouest, bassin de la Volta, bassin du lac Tchad, bassin de la Kagera/lac Victoria et bassin du Zambèze.
La mise en œuvre de l’AIP dans les cinq pays pilotes a déjà commencé avec le soutien de l’Agence autrichienne de développement, de l’Agence suisse pour le développement et la coopération et de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement.